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6 juillet 2006

YVES JAMAIT

jamait2YVES JAMAIT
Le Coquelicot

Label WAGRAM
WAGRAM
L'aspect vieille France dégagé par l'apparence d'Yves Jamait représente que caricaturalement un interprète qui signe un deuxième album aussi bon que le premier, perdant un peu de la fraîcheur du débutant mais gagnant dans d'autres domaines. Sans déroger à ces amours de musique de variété française et de la guinguette, les comportements et portraits pleins d'une humanité du passé développés dans Le coquelicot sont touchants en dépit de leur noirceur profondeur. La fleur à la boutonnière, prêt à fendre le cadre, Jamait offre un univers en voie de disparition.

Armé de sa fidèle guitare et d'une bande de compagnons usant des instruments folkloriques français, le dijonnais s'investit toujours autant pour dépeindre une atmosphère lorgnant entre chanson française, jazz et autres rythmes plus ou moins exotiques. Depuis le premier album, la science musicale de Jamait a gagné en diversité. Avec sa voix rauque et imperturbable, l'interprète réalise des performances vocales admirables d'intensité, avec une puissance contrôlée. Les textes sont le fleuron du Coquelicot qui ne cesse de surprendre par son côté encore plus profondément ténébreux que De verre en vers. Les thèmes développés restent sensiblement communs à la vie quotidienne, doux amer. Chacun se reconnaît un peu dans les textes de Jamait car les émotions décrites apparaissent avec tellement de clarté que l'adhésion y est immédiate. Le tout en vers.

Sans détour ni concession, Jamait rend son univers accessible renversant l'auditeur de la joie à la peine de titre en titre. Constamment sur la brèche, l'artiste vit ses titres avec force.
Le titre éponyme est une ode enjouée à l'amour ponctué de notes d'accordéon, juste agréable pour lancer l'album et les excellents titres qui suivent : les puissants et désespérés L'adieu merdeux et surtout Qu'est-ce que tu fous ? qui apparaît comme une sorte de version énervée de Ne me quitte pas de Brel à qui il rend hommage dans Vierzon. Ce dernier titre extrêmement personnel cite la relation filiale vécue de façon posthume, touchant, blessant et terriblement noire, tout comme L'équilibre. Testostérone et moi s'impose comme un titre folk en contradiction avec le reste mais tellement bon dans ces anecdotes.
La tragédie de l'intro de Passe avec violon et guitare andalouse insiste sur une jovialité musicale, vécue comme un refuge alcoolique pleines de paroles de désespoir. Superbe exutoire au ton changeant incitant à vivre intensément et profiter de l'instant. La nostalgie domine dans l'album de Jamait comme un vieux Caroussel tournant sans fin ni joie attendant l'inexorable dénouement. Idem pour Le soleil coule, le glacial C'est la vie ou l'aigri mais très « buvable » Jean-Louis, patron de bistrot.
Peignant des portraits de garçons de café coincé à vie dans une situation sans rêves (le superbe La salle et la terrasse repris du répertoire d'Aznavour), de clown sans joie (Les rires et le clown). Le manque de rêves ressort clairement de l'album du Coquelicot. Un petit jazz avec J'ai marché laisse place pour finir à Dijon, nostalgie à souhait, comparable au Toulouse de Nougaro.

Terriblement prenant aux tripes, l'album de Jamait inspire un véritable respect par son interprétation sans failles. Aussi bon que le premier et gagnant encore plus en intensité, Le coquelicot permet à l'artiste de confirmer le potentiel entrevu dans son premier opus, rempilant dans la rengaine du désespoir avec un renouveau et des histoires attachantes. Réussite certaine autour d'un artiste atypique dans le paysage musical actuelle. A contre-courant.

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